IMAGINA'94: Les tribulations d'un Amigaïste dans la jungle de l'image haut de gamme...
Voici un panorama des impressions et des rencontres que peut faire un pauvre utilisateur d'AMIGA au salon IMAGINA. Ce reportage aborde le salon beaucoup plus dans l'optique de notre machine préférée. Je pense en effet que toutes les banalités et autres recopies du dossier de presse ont été suffisamment publiées dans d'autres revues. Il est temps regarder les choses depuis notre propre point de vu. Car, contrairement à ce que l'on peut croire en lisant cette avalanche de reportage sur IMAGINA, il y a aussi des hommes (et des femmes) dans le temple de l'informatique graphique.
Les Constructeurs.
La machine omniprésente sur le salon était, comme d'habitude, la Silicon Graphics(SGI). Cet ordinateur, construit autour d'UNIX et de processeurs spécialisés dans le traitement graphique 2D & 3D, fait actuellement l'unanimité pour la production d'Images Numériques. Nous avons trouvé aussi quelques PC au stand Autodesk 3D Studio, des Stations DEC Alpha, et une malheureuse SUN. Il est à remarquer l'absence d'un stand commun AMIGA à cause d'une stupide histoire financière lors du salon ATACOM. Dommage, car l'impact d'un tel stand à IMAGINA aurait était non négligeable pour toute la communauté AMIGA en France et dans le monde...
Cette année la grande évolution (pour ne pas dire révolution) est la disponibilité d'entrée de gamme Silicon Graphic à prix extrêmement bas (40 kF). ElectroGIG proposait, par exemple, une station Complète, avec logiciels, hardware, disques durs, etc.. pour seulement 100 kF. Pour juger de l'évolution, je vous rappelle que le prix moyen d'uniquement le logiciel 3D en 1993 était de 150 kF.
Nous avons demandé à M. Alain Nekoui, directeur marketing de SGI France, ce qu'il pensait de ce monopole.
Pour lui, ce monopole ne tient qu'au fait que les Silicons sont supérieures actuellement, et qu'il faut que cette suprématie reste pour continuer. Il était toutefois assez fier d'une telle réussite. On le comprend...
Devant la baisse de prix, nous lui avons demandé s'il comptait descendre en dessous des 40 kF et s'il comptait concurrencer, à terme, les micro-ordinateurs tel que PC, MAC et bien sûr AMIGA.
Sa réponse, encourageante pour le développement de l'AMIGA, est qu'ils ne comptent plus baisser leur prix. Mais les entrées de gamme seront de plus en plus puissantes, et dans deux ans, on peut espérer trouver une SGI à moins de 100 kF possédant la puissance de 2 CRAY actuels... De même, ils ne veulent pas sortir du domaine de l'image, et ne feront pas, par exemple de machine dédiée Temps Réel.
A noter, que les perspectives dont il nous a fait part ne sont valables que pour les deux années à venir. Le marché évoluant vite, il est impossible de voir plus loin.
Petite anecdote, l'interview se déroulait à la fin du salon, pendant la mise en caisse, pour ainsi dire, et fut interrompu par un technicien qui est venu annoncer la "disparition" de deux SGI. Certains ne sont donc pas repartis les mains vides...
Nous avons interviewé, lors d'un sympathique petit déjeuner, le directeur marketing de SUN microsystem.
Il espère que les nouvelles stations graphiques SUN concurrenceront les SGI, et ils essayent de mener des actions de partenariat et de parrainage pour mieux faire connaître leurs machines. Enfin, il ne faut pas oublier qu'ils sont actuellement parmi les plus présents dans le domaine du traitement numérique de données.
Pour SUN, il n'y a pas de station bon marché en vue...
Les Logiciels
Depuis le film BABYLON 5, le VideoToaster est devenu très connu, et les Lens Flare ( effet de lumière dans les objectifs des caméras) ont véritablement traumatisé le marché de l'Image 3D. Pas un stand, pas une image sans cet effet magique, pour montrer que "on peut faire aussi bien que le Toaster". Le vainqueur dans ce domaine est inconstestablement ALIAS.
Ce logiciel possède le module de Post Processing le plus avancé du marché: Lens Flare, grain de l'image, Ciels texturés, etc.. Tout pour faire plaisir aux amateurs d'images de mauvaise qualité Assistées Par Ordinateur. A noter, le fait que dans ce logiciel, les Lens Flare sont considérés comme des objets, on peut donc leur faire subir morphing, systèmes de gestions de particules (à la REAL 3D), explosions, etc...
ALIAS proposait aussi un logiciel de dessin 2D. Après vingt minutes de démonstration, très intéressantes au demeurant, nous avons demandé au technicien ALIAS ce qu'il pensait de TVPaint (par TecSoft). Celui-ci a immédiatement arrêté sa démonstration et nous a dit: "Si vous avez TVPaint, ce n'est pas la peine de continuer, il est nettement meilleur que notre logiciel". Bravo TECSOFT, continuez comme ça !
Sur le Stand WaveFront, nous avons rencontré LE directeur marketing de WaveFront. Nous lui avons parlé du Toaster et de l'AMIGA, et de l'article d'AmigaWorld au sujet d'une personne à Wavefront qui travaille sur AMIGA. Il nous a confirmé que Wavefront n'avait aucun projet pour nos machines, car leur puissance, pour l'instant, est insuffisante pour faire tourner leur logiciel. Petit détail toutefois, il a été le seul à nous donner le chiffre EXACT des ventes du VideoToaster...
Nous avons questionné leur technicien au sujet de l'absence de Lens Flare dans Explore (qui, je le rappelle, appartient maintenant à Wavefront). Il nous a répondu que ce n'était pas une priorité, et qu'il suffirait d'une semaine, et d'une vingtaine d'ingénieurs pour les intégrer dans Explore. Je tiens à tirer mon chapeau à Allen Hasting, le programmeur de LightWave, qui, tout seul, a mis une journée pour les inclure dans son soft, lequel est, il est vrai, sur AMIGA ...
Nous avons pu remarquer, sur le stand SoftImage, Elastic Reality, la version SGI de Morph Plus, par ASDG. C'est, de l'avis de tous, le meilleur logiciel de morphing du marché. Pas mal pour un logiciel d'origine AMIGA.
Lorsque nous sommes arrivés sur le stand Autodesk pour demander une démonstration de 3D Studio 3.0, nous nous sommes fait littéralement 'agresser' par leurs techniciens. Ces derniers, voyant que nous étions d'AmigaNews, ne voulait parler que d'AMIGA et ont complètement oublié qu'ils n'étaient pas là pour parler de leur machine préférée, mais de celles qu'ils vendent. Bref, ce fut le directeur d'Autodesk France qui me fit la démonstration. C'est apparemment le seul à ne pas posséder d'AMIGA...
Même si tous les logiciels apportaient cette année une évolution sensible, le plus innovant était toutefois le moins cher du marché: 3DGO de ElectroGIG (35 kF tout de même). L'année dernière, nous avons posé une colle à leur programmeur:" si on approche deux Blobs de textures différentes, que se passe-t-il à la jonction ?". Il nous avait répondu: "l'année prochaine, on le gérera !". Comme nous ne sommes pas les seuls à leur avoir fait la remarque, il ont travaillé dessus.
Le résultat est surprenant. Pour pouvoir mélanger des textures sur des Blobs, il fallait étendre le concept du Blob ( qui, je le rappelle, est une fonction qui permet à deux sphères, considérées comme le même objet, de s'attirer et de se 'fondre' l'une dans l'autre comme deux gouttes d'eau). Ils ont tellement étendu ce concept que l'on peut maintenant prendre n'importe quel objet de n'importe quelle texture et le "blober" avec n'importe quel autre objet. Cette fonction, unique sur le marché, permet de voir la modélisation de formes complexes, organiques ou mécaniques, de manière totalement nouvelle.
Voilà des gens à l'écoute de leurs utilisateurs. Certains devraient en prendre de la graine.
A propos de complainte. Nous n'avons vu AUCUN logiciel protégé par Dongle sur tout le salon IMAGINA. A croire que ces petites choses, empêchant d'utiliser notre machine à son plein potentiel n'existent, que sur AMIGA.
Mais comme chacun le sait, IMAGINA et l'AMIGA, ce n'est pas le même monde. Comme vous l'avez vu, ce salon permet un contact direct avec le futur de l'image numérique, mais, hélas, tout n'y est pas parfait. Et je vous propose de lire l'article "De l'autre coté du miroir" pour mieux vous rendre compte de ce qu'est réellement IMAGINA.